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11 mai 2009 1 11 /05 /mai /2009 16:48
y a-t-il une vie sexuelle pour le couple après 50 ans ? Lorsque l'un y pense, il (ou elle) n'en a pas toujours les moyens, tandis que l'autre se demande de qui vient le problème. Elle ne m'aime plus ? Il ne me désire plus ? Si nous avons les moyens techniques pour remédier aux problèmes sexuels, passés 50 ans, le plus important est encore le désir : “avoir envie d'en avoir envie”, et oser en parler.

 

Le corps ne suit pas toujours

« Mon patient le plus âgé a 99 ans, et j'ai aussi une dame de 89 ans (et demi) », raconte Sylvain Mimoun, gynécologue et andrologue. Ils me préviennent : « surtout ne me dites pas que c'est l'âge, docteur ! » Mais s'il n'y a pas d'âge pour l'amour, en revanche, le corps ne suit pas toujours, et c'est bien normal. Des traitements sont aujourd'hui bien adaptés aux diverses déficiences sexuelles des deux sexes.

Version homme

 

La baisse de testostérone commence dès 40 ans, entraînant des effets indésirables qui sont parfois le reflet de ce que ressentent les femmes. Stanley, un Américain de 55 ans, assistant au groupe de parole de sa femme ménopausée ne peut s'empêcher de comparer leurs symp­tômes : dans son propre groupe de parole (nous sommes en Amé­rique !), on parle de changement d'humeur, d'irritabilité, de maux de tête, de pertes de mémoire, de gain de poids, de baisse de libido… et même de bouffées de chaleur ! C'est un des témoignages tirés d'un livre sur "Le syndrome du Mâle Irritable" (malheureusement non tra­duit en Français). Mais ce qui fait la grande différence entre Stanley et son épouse, c'est que lui n'aura jamais d'arrêt complet de l'appareil hormonal. « Les femmes tombent de la falaise », écrit l'auteur (tou­jours américain) de Male Ménopause, pour illustrer son propos, « tan­dis que les hommes roulent en bas de la pente ». C'est pourquoi on ne parle pas de phénomène de type "ménopause" à proprement parler, mais on évoque une "andropause", plus discrète, et qui n'empêche pas de concevoir des enfants. « Ils ne souffraient pas tous, mais tous étaient atteints » : ce n'est pas de la peste de La Fontaine qu'il s'agit, mais plus de la moitié des hommes de cet âge déplore une impuissance passagère, de légère à grave (souvent en relation avec des problèmes de santé, tels que insuffisance hépatique, rénale ou cardiaque, hypertension, diabète). Ils ont même parfois aussi, des bouffées de chaleur. Si, si... Mais, pudiques, ils ont encore du mal à en parler.

Version femme

Cela est plus connu, davantage médiatisé. L'aspect le plus désagréable de l'affaire concerne, pour un quart des femmes, l'assèchement des parois vaginales, alors même qu’elles ressentent toujours du désir, ce qui rend les rapports douloureux. L'homme se dit alors que sa femme ne le désire pas, et cela n’améliore pas son érection. Réactions en chaîne … Beaucoup de femmes confondent encore fin de la possibilité de concevoir et fin de la vie sexuelle. Mais pour près des trois quarts, la vie sexuelle ne s’interrompt pas à la ménopause. Au contraire, la retraite, le départ des enfants, donnent plus de temps aux loisirs. Selon certains spécialistes, ces problèmes sont surtout « dans la tête », tandis que pour d’autres, plus versés dans la médecine, il ne s’agit que d’effets hormonaux mécaniques. « La réalité se situe bien sûr entre les deux », remarque le Dr Mimoun, car un aspect retentit sur l’autre.

Les chiffres masculins

  • Si seulement 19 % d'hommes avouent une insatisfaction dans leur vie sexuelle, 52 % souffrent ou ont souffert d'une impuissance légère à grave.
  • Ils sont de 20 % à 40 % à avoir des problèmes d'érection entre 60 et 69 ans, et de 50 à 75 % après 70 ans. Mais seuls 30 % des hommes qui ont des problèmes en parlent à leur médecin.
  • 30 % des hommes ressentent des bouffées de chaleur.
  • Les hommes sont deux fois plus nombreux que les femmes à se soucier de leurs performances sexuelles.

Les chiffres féminins

  • 43 % des femmes ménopausées ont des dysfonctionnements sexuels, mais seulement un quart demande de l'aide.
  • 70 % ressentent des bouffées de chaleur.
  • Les trois-quarts des hommes de plus de 65 ans pensent que le sexe est important, contre seulement la moitié des femmes, qui privilégient l'aspect affectif.

Cherchez l'erreur

86 % des hommes mais seulement 64 % des femmes de 50 à 69 ans disent avoir eu au moins un rapport sexuel dans le mois ... On ne parle pas du pourcentage de perte de mémoire !

 

 

Jusqu’au bout, mais pas de la même façon

De plus en plus d’hommes viennent consulter, se réjouit le Dr Mimoun, et les femmes aussi, pour elles ou pour leur mari, en poisson-pilote, en quelque sorte. Les articles des journalistes y sont sans doute pour quelque chose ! On peut faire l’amour jusqu’au bout de la vie. Mais pas forcément de la même façon. Le temps de réaction se ralentit. Les taux d’hormones sexuelles baissent en effet inexorablement, mais pas de façon systématique, et plus ou moins selon les capacités physiologiques de chacun et chacune. Cela entraîne des effets physiques et psychiques. Une baisse d’érection ou une sécheresse vaginale ne veut pas dire baisse de désir. Le malentendu est réciproque !


Chez l'homme

Le taux de testostérone baisse de 1 à 2 % par an à partir de 40 ans. Mais il en restera toujours un peu. Les symptômes liés à cette baisse hormonale sont : une dimi­nution du sperme et une infertilité croissante, une éjaculation retardée ou précoce, un défaut de concentration et d'agressivité, une tendance dépressive, des bouffées d'anxiété, des troubles du sommeil, une prise de poids abdominale, des cheveux plus fins, des bouffées de chaleur et … un endormissement après les repas. La baisse s’accroît en cas de chimiothérapie, de diabète, d’insuffisance hépatique ou rénale. Il convient alors d'analyser le taux de testostérone biodisponible afin de déterminer si un traitement androgénique est pertinent.Une seule prise de sang suffit. La seule contre-indication est le cancer de la prostate. Le traitement diminue le cholestérol total, améliore l'insulinorésistance (risque de diabète), pourrait diminuer les crises d'angine de poitrine et entraîne un effet relaxant artériel. Bien sûr, un suivi médical sérieux est nécessaire. Mais, si le traitement peut redonner l'ardeur de leur 20 ans à certains patients, les érections ne suivent pas toujours : dans ce cas, certains traitements peuvent relancer la mécanique.Ils sont contre-indiqués en cas de problème cardiaque avéré. Le cardiologue trouvera une alternative. Il en existe : leur action est plus rapide et la durée rallongée. Mais c'est aussi cher : l'amour n'a pas de prix !

La testostérone peut se prendre en comprimé, en gel, voire en injection intramusculaire tous les mois ou tous les trois mois. Le temps de traitement va dépendre du niveau hormonal et des réactions : parfois tout redémarre gentiment.

A savoir : un homme peut jouir sans érection et sans éjaculation. La présence d’une compagne désirée restera l’arme absolue contre la baisse des performances.

 

Chez la femme
Le ralentissement, puis l'arrêt de sécrétion des hormones féminines entraîne une réduc­tion du flux sanguin dans le vagin, des bouffées de chaleur, une diminution de la souplesse de la peau et des muqueuses, un assèchement des parois vaginales, des troubles de l'humeur, une plus grande sus­ceptibilité, un gain de poids. Si le traite­ment hormonal substitutif est parfois remis en question, il convient à beaucoup de femmes, pour une durée limitée « d'ailleurs, la moitié des femmes qui ont abandonné le traite­ment substitutif y revient, précise le Dr Mimoun, car il y a des bénéfices. On a relativisé les résultats des études améri­caines et réadapté les dosages », et il existe une panoplie de traitements locaux, tels les gels lubrifiants ou les crèmes estrogé­niques pour améliorer la sécheresse vagi­nale et donc le confort sexuel. Là aussi, l'arme absolue c'est un compagnon aimant et aimé. Il n'y a pas de pilule miracle contre le désamour… Pour les femmes dont le désir s'est émoussé, une bonne nouvelle : en plus des gels lubrifiants, un nouveau traitement féminin, sous forme de patch, va pro­chainement être lancé. A base de testo­stérone, il relance l'envie "d'avoir envie", rétablit la lubrification vaginale. Rappelons que les ovaires produisent aussi de la testostérone, qui diminue à la ménopause. Des effets secondaires peuvent survenir avec cette hormone (rares) : de l'hirsutisme (une augmentation de la pilosité) ou une augmentation du taux de cholestérol.

A savoir :
en cas d'abstinence prolon­gée, les traitements mettent plus de temps à agir (parfois quelques semaines).

La clé d'une vie sexuelle réussie
Communiquer et garder confiance en soi (et en l'autre !). On ne s'en sort pas tout seul, et il n'y a pas que les autres qui vieillissent ! Dans les cas de couples d'âge différent, le plus jeune va dynamiser l'autre. Aujourd'hui, tout le monde sait qu'il y a des moyens d'améliorer la vie sexuelle. Quant aux nouveaux couples : ils y mettent plus d'énergie ! « Les caresses de mon mari, c'était labourage et pâturage », raconte cette patiente de 65 ans, qui a refait sa vie. « Forcément, on fait moins souvent l'amour, mais c'est plus dense, plus profond ». Ne laissons pas nos hormones nous gâcher la vie, d'autant plus qu'elle est plus longue ! « Les femmes d'aujourd'hui sont plus actives, matures, plus positives vis-à-vis de la sexualité, aimant la vie », souligne Syl­vain Mimoun. Un petit traitement, un petit régime, un peu d'exercice, ce n'est pas si difficile. Le dialogue ? Un moment de honte est vite passé ! Le sexe et l'amour sont des anti-âges formidables.

 



source:Avenirs de femmes n°16

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