Le corps ne suit pas toujours
« Mon patient le plus âgé a 99 ans, et j'ai aussi une dame de 89 ans (et demi) », raconte Sylvain Mimoun, gynécologue et andrologue. Ils me préviennent : « surtout ne me dites pas que c'est l'âge, docteur ! » Mais s'il n'y a pas d'âge pour l'amour, en revanche, le corps ne suit pas toujours, et c'est bien normal. Des traitements sont aujourd'hui bien adaptés aux diverses déficiences sexuelles des deux sexes.
La baisse de testostérone commence dès 40 ans, entraînant des effets indésirables qui sont parfois le reflet de ce que ressentent les femmes. Stanley, un Américain de 55 ans, assistant au groupe de parole de sa femme ménopausée ne peut s'empêcher de comparer leurs symptômes : dans son propre groupe de parole (nous sommes en Amérique !), on parle de changement d'humeur, d'irritabilité, de maux de tête, de pertes de mémoire, de gain de poids, de baisse de libido… et même de bouffées de chaleur ! C'est un des témoignages tirés d'un livre sur "Le syndrome du Mâle Irritable" (malheureusement non traduit en Français). Mais ce qui fait la grande différence entre Stanley et son épouse, c'est que lui n'aura jamais d'arrêt complet de l'appareil hormonal. « Les femmes tombent de la falaise », écrit l'auteur (toujours américain) de Male Ménopause, pour illustrer son propos, « tandis que les hommes roulent en bas de la pente ». C'est pourquoi on ne parle pas de phénomène de type "ménopause" à proprement parler, mais on évoque une "andropause", plus discrète, et qui n'empêche pas de concevoir des enfants. « Ils ne souffraient pas tous, mais tous étaient atteints » : ce n'est pas de la peste de La Fontaine qu'il s'agit, mais plus de la moitié des hommes de cet âge déplore une impuissance passagère, de légère à grave (souvent en relation avec des problèmes de santé, tels que insuffisance hépatique, rénale ou cardiaque, hypertension, diabète). Ils ont même parfois aussi, des bouffées de chaleur. Si, si... Mais, pudiques, ils ont encore du mal à en parler.
Version femme
Cela est plus connu, davantage médiatisé. L'aspect le plus désagréable de l'affaire concerne, pour un quart des femmes, l'assèchement des parois vaginales, alors même qu’elles ressentent toujours du désir, ce qui rend les rapports douloureux. L'homme se dit alors que sa femme ne le désire pas, et cela n’améliore pas son érection. Réactions en chaîne … Beaucoup de femmes confondent encore fin de la possibilité de concevoir et fin de la vie sexuelle. Mais pour près des trois quarts, la vie sexuelle ne s’interrompt pas à la ménopause. Au contraire, la retraite, le départ des enfants, donnent plus de temps aux loisirs. Selon certains spécialistes, ces problèmes sont surtout « dans la tête », tandis que pour d’autres, plus versés dans la médecine, il ne s’agit que d’effets hormonaux mécaniques. « La réalité se situe bien sûr entre les deux », remarque le Dr Mimoun, car un aspect retentit sur l’autre.
Les chiffres masculins
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Les chiffres féminins
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Cherchez l'erreur 86 % des hommes mais seulement 64 % des femmes de 50 à 69 ans disent avoir eu au moins un rapport sexuel dans le mois ... On ne parle pas du pourcentage de perte de mémoire !
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Jusqu’au bout, mais pas de la même façon
De plus en plus d’hommes viennent consulter, se réjouit le Dr Mimoun, et les femmes aussi, pour elles ou pour leur mari, en poisson-pilote, en quelque sorte. Les articles des journalistes y sont sans doute pour quelque chose ! On peut faire l’amour jusqu’au bout de la vie. Mais pas forcément de la même façon. Le temps de réaction se ralentit. Les taux d’hormones sexuelles baissent en effet inexorablement, mais pas de façon systématique, et plus ou moins selon les capacités physiologiques de chacun et chacune. Cela entraîne des effets physiques et psychiques. Une baisse d’érection ou une sécheresse vaginale ne veut pas dire baisse de désir. Le malentendu est réciproque !
Chez l'homme
Le taux de testostérone baisse de 1 à 2 % par an à partir de 40 ans. Mais il en restera toujours un peu. Les symptômes liés à cette baisse hormonale sont : une diminution du sperme et une infertilité croissante, une éjaculation retardée ou précoce, un défaut de concentration et d'agressivité, une tendance dépressive, des bouffées d'anxiété, des troubles du sommeil, une prise de poids abdominale, des cheveux plus fins, des bouffées de chaleur et … un endormissement après les repas. La baisse s’accroît en cas de chimiothérapie, de diabète, d’insuffisance hépatique ou rénale. Il convient alors d'analyser le taux de testostérone biodisponible afin de déterminer si un traitement androgénique est pertinent.Une seule prise de sang suffit. La seule contre-indication est le cancer de la prostate. Le traitement diminue le cholestérol total, améliore l'insulinorésistance (risque de diabète), pourrait diminuer les crises d'angine de poitrine et entraîne un effet relaxant artériel. Bien sûr, un suivi médical sérieux est nécessaire. Mais, si le traitement peut redonner l'ardeur de leur 20 ans à certains patients, les érections ne suivent pas toujours : dans ce cas, certains traitements peuvent relancer la mécanique.Ils sont contre-indiqués en cas de problème cardiaque avéré. Le cardiologue trouvera une alternative. Il en existe : leur action est plus rapide et la durée rallongée. Mais c'est aussi cher : l'amour n'a pas de prix !
La testostérone peut se prendre en comprimé, en gel, voire en injection intramusculaire tous les mois ou tous les trois mois. Le temps de traitement va dépendre du niveau hormonal et des réactions : parfois tout redémarre gentiment.
A savoir : un homme peut jouir sans érection et sans éjaculation. La présence d’une compagne désirée restera l’arme absolue contre la baisse des performances.
A savoir : en cas d'abstinence prolongée, les traitements mettent plus de temps à agir (parfois quelques semaines).
La clé d'une vie sexuelle réussie
source:Avenirs de femmes n°16